Les administrations locales sont désormais au cœur de l’action contre le changement climatique. Elles sont constituées d’une part des services déconcentrés de l’État et d’autre part des collectivités territoriales décentralisées. Plus proche des populations, les administrations locales sont des points de liaison entre l’administration centrale et ces populations locales. Ces administrations ont une lourde responsabilité en ce qui concerne la lutte contre les changements climatiques qui impactent très négativement sur les activités des populations locales. Elles sont chargées de mettre en œuvre les politiques de lutte contre le changement climatique dans leur zone en tenant compte de leurs spécificités. Les populations font face aux conséquences néfastes du changement climatique. Elles assistent impuissamment aux inondations, la sècheresse, l’arrivée tardive des pluies, qui ont tous un impact non négligeable sur les activités agropastorales qui meublent leur quotidien.
Jadis cantonnée au niveau de l’administration centrale, la lutte contre le changement climatique se déporte aujourd’hui vers les zones périphériques. C’est à ce titre que certaines compétences ont été transférées aux collectivités territoriales décentralisées. On remarque dès lors qu’il y a une multitude de structures qui intervient dans la lutte au niveau local. Les actions entre ces différentes administrations doivent être coordonnées et concertées ; autrement on pourrait aboutir à des solutions inefficaces. Les administrations se doivent de collaborer entres elles afin de trouver les solutions adéquates pour contenir les effets néfastes du changement climatique. Cette collaboration doit se faire à tous les niveaux.
Dans le cadre de la mise en œuvre du projet AGRI-SECC[1], l’équipe de l’association Ci4Ca a fait une descente dans la commune de Bangangté afin de rencontrer les administrations locales qui interviennent dans la lutte contre le changement climatique. Selon certains responsables rencontrés sur le terrain, principalement Monsieur le Délégué Départemental MINADER du Ndé et Monsieur le chef service des enquêtes et statistiques dans la même structure, il n’existe véritablement pas un cadre d’échange avec les autres administrations déconcentrées et décentralisées en ce qui concerne le changement climatiques. Chaque administration applique individuellement les mesures qui lui sont propres. Parfois ces responsables ignorent l’existence certains moyens de lutte dès lors qu’ils ne sont pas directement engagés par leur administration. Pour un autre responsable, Monsieur le Délégué d’Arrondissement du MINADER[2] de Bangangté, la question du changement climatique est d’une importance capitale et devrait être au centre des préoccupations car il impacte fortement sur l’agriculture et partant sur l’Homme. Il constitue la principale menace chez les agriculteurs qui ne disposent souvent pas de moyens suffisants pour l’affronter. Il pense qu’un cadre de collaboration entre administrations permettrait de résoudre plus efficacement les problèmes posés par les perturbations du climat. Dans la même veine, nous avons rencontré Madame SANGA Marlyse, Chef de poste agricole Bangoulap, qui nous fait comprendre qu’elle n’a véritablement pas encore eu d’échange avec les administrations déconcentrées en dehors du MINADER sur les changements climatiques. La plus part des formations est organisée par son administration de tutelle. De ces différents entretiens, il se dégage un constat clair selon lequel il n’existe pas une véritable collaboration entre les administrations locales pour ce qui est de la problématique du changement climatique.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette absence de collaboration entre administrations locales. Le premier facteur est celui de la sous-information des différentes administrations locales. Certaines d’entre elles ignorent par exemple que le climat donne accès à de nouveaux guichets de financement dont les points focaux sont au sein du MINEPDED. Pour preuve, la plus part des agriculteurs pense que le seul Ministère qui s’intéresse à l’agriculture est le MINADER ; or les questions liées à l’agriculture sont également prises en compte au ministère de l’environnement, car l’agriculture constitue le premier moteur d’émission de GES. Une collaboration entre les deux ministères pourrait permettre aux agriculteurs qui sont les plus touchés par les variations anormales du climat, de mieux s’imprégner non seulement du risque qu’ils encourent en usant les mauvaises pratiques mais également des financements qui appuient l’atteinte des objectifs nationaux et sectoriels de riposte contre le dérèglement climatique. Ensuite nous avons noté l’absence d’un cadre de concertation formel au sein duquel les administrations locales pourraient échanger sur les questions du changement climatique. Enfin, on note le désintérêt de certaines administrations locales directement ou indirectement impliquées dans les questions climatiques bien qu’elles soient une réalité quotidiennement vécue. Elles considèrent les débats portant sur les changements climatiques comme étant des questions secondaires.
La collaboration est fondamentale en matière de lutte contre le changement climatique est capitale, car il faut mutualiser les efforts pour une action efficace et efficiente. Le succès des actions implique très souvent la collaboration entre administrations pour l’atteinte d’objectifs communs et/ou spécifiques. Nous proposons que les différentes administrations locales concernées par les questions de lutte contre le changement climatique créent un cadre de collaborations qui se décline en échanges d’informations entre ces administrations. Nous pensons principalement aux administrations décentralisées du MINEPDED[1], du MINADER, du MINTRANSPORT[2], MINFOF[3] etc. Par ailleurs, il est souhaitable que les responsables locaux soient sensibilisés à travers des ateliers de formation sur les opportunités de financement de lutte contre le changement climatique.
[1] Ministère de l’environnement, de la protection de la nature et du développement durable.
[2] Ministère du transport.
[3] Ministère des forets et de la faune.
[1] Solutions Endogènes aux changements climatiques dans le domaine de l’agriculture.
[2] Ministère de l’agriculture et du développement rural.